Sauf erreur, les Quatre histoires de famille d’Émond n’ont pas fait grand bruit quand elles sont parues en 2022. Peut-être qu’on a regardé le cinéaste comme un intrus qui débarquait dans la cour des grands. Son attention au monde, à la nature, aux gens – bien connue parce qu’il a martelé son credo sur de… Lire la suite Des nouvelles de Bernard Émond
Automne allemand, de Stig Dagerman
Il faut avoir l’estomac solide pour passer à travers cet Automne allemand de Stig Dagerman, l’écrivain suédois connu surtout pour Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, court monologue très émouvant qu’il a écrit six ans plus tard. Il y écartera, l’une après l’autre, toutes les consolations qui s’offrent à notre solitude et à… Lire la suite Automne allemand, de Stig Dagerman
German Autumn, by Stig Dagerman
You need a strong stomach to get through German Autumn by Stig Dagerman (1923-1954), the Swedish writer best known for Our Need for Consolation Is Insatiable, a short, moving monologue he wrote six years later. In it, Dagerman dismisses, one after the other, all the consolations offered to our loneliness and difficulty of living, which… Lire la suite German Autumn, by Stig Dagerman
Les lectures de Thomas Mann
Si l’on se fie à son Journal (1918-1921, 1933-1955, le reste ayant été détruit), tout le long de sa vie, à 45 ans ou à 70, Thomas Mann quand il trouve le temps de lire, souvent le soir et parfois jusque tard dans la nuit, ne lit, à part les livres de son frère Heinrich… Lire la suite Les lectures de Thomas Mann
Langue et “diversité”
Vienne – aux prises il y a cent ans avec le problème de la langue nationale menacée. Dans son livre L'impossible exil de Stefan Zweig, où il se concentre sur les dernières années du célèbre écrivain autrichien, George Prochnik décrit ainsi la Vienne de l'époque : « Parce qu’elle était un pôle d’attraction pour les… Lire la suite Langue et “diversité”
Le magicien, de Colm Tóibín
Le magicien est Thomas Mann, que ses enfants avaient surnommé ainsi parce qu’il leur faisait des tours de magie. La magie a opéré aussi quand il avait fait passer quatre générations de sa famille dans Les Buddenbrook à l’âge de 25 ans ou qu'il sublimera la montagne où il était allé rendre visite à sa… Lire la suite Le magicien, de Colm Tóibín
The Magician, by Colm Tóibín
The magician is Thomas Mann, nicknamed by his children for his magic tricks. His magic also worked when, at the age of 25, he brought four generations of his family to life in The Buddenbrooks, or when he sublimated the mountain where he had gone to visit his wife, who was undergoing treatment at a… Lire la suite The Magician, by Colm Tóibín
Réveil
Quand on commence à voir le bout du tunnel après un grave problème de santé, assez grave pour que beaucoup ne s’en sortent pas indemnes et qu’au milieu on n’ait eu aucune idée de ce que nous réservait notre nouvel avenir, pour ne pas dire le restant de notre vie, ni même si on allait… Lire la suite Réveil
Note sur Tonio Kröger de Thomas Mann
Ce court roman est merveilleux. Il a des points communs, mais quelques-uns seulement, avec les Lettres à un jeune poète de Rilke. Les deux cultivent la solitude, acceptée comme un devoir sacré ou comme une malédiction, la difficulté d’être comme les gens normaux qui vivent à plein leur vie, et la méfiance à l’égard de… Lire la suite Note sur Tonio Kröger de Thomas Mann
Tonio Kröger with Rainer Maria Rilke
This short novel is wonderful. It has some points in common, but only a few, with Rilke's Letters to a Young Poet. Both cultivate solitude, accepted as a sacred duty or as a curse, the difficulty of being like normal people who live their lives to the fullest, and the distrust of false literature (in… Lire la suite Tonio Kröger with Rainer Maria Rilke
Trois essais sur l’insignifiance, de Pierre Vadeboncoeur
Je ne savais pas trop quoi penser il y a quelques années en lisant la Lettre à la France que l’essayiste québécois Pierre Vadeboncoeur (1920-2010) avait annexée à ses Trois essais sur l'insignifiance, en 1983. Il disait éprouver en marchant sur le sol français une sensation d’adhérence, un lien entre le sol et ses pas,… Lire la suite Trois essais sur l’insignifiance, de Pierre Vadeboncoeur
Winesburg-en-Ohio, de Sherwood Anderson
J’avais déjà lu quelques nouvelles de Sherwood Anderson (1876-1941) dans des anthologies de short stories américaines, où il brille souvent par sa présence. Son écriture m’a toujours semblé manquer de relief, une langue ordinaire non pas blanche mais coulée dans une syntaxe simple et parfois relâchée, avec la petite musique pressée de la langue qu’on… Lire la suite Winesburg-en-Ohio, de Sherwood Anderson
Un poème au milieu du bruit, d’Antoine Boisclair
Ce recueil qui se présente comme une simple collection d’essais pourrait servir d’introduction à la poésie. L’auteur a beau se limiter à une poignée de contemporains, il dégage de leurs poèmes des thèmes soit rattachés depuis toujours au cœur même de la poésie (le temps, la mort, la nostalgie), soit proches des grandes préoccupations actuelles… Lire la suite Un poème au milieu du bruit, d’Antoine Boisclair
La grande Marie ou le luxe de sainteté, de Carl Bergeron
Carl Bergeron est à peine visible dans la vie littéraire. Quelques inconditionnels avaient encensé Voir le monde avec un chapeau, qui avait autrement donné lieu à d’étranges critiques, dont l’une saugrenue dans la revue Liberté lui tricotait un bonnet d’âne avant de lui taper dessus à grands coups de Gramsci. Avec son « Épreuve » que doivent… Lire la suite La grande Marie ou le luxe de sainteté, de Carl Bergeron
Les villes de papier, de Dominique Fortier
J’ai longé plusieurs fois le présentoir très fourni de la librairie où je m’étais arrêté, à Rimouski, avant de repérer ce livre si discret dans l’édition Alto. Objet de curiosité qu’on aurait dit qu’on pouvait déplier comme un origami, pour en faire surgir des villes, peut-être des poèmes cachés comme dans une cocotte de papier.… Lire la suite Les villes de papier, de Dominique Fortier
Trois essais québécois
La poésie est omniprésente de diverses manières dans ces trois livres : par le survol d’œuvres contemporaines chez Antoine Boisclair, le récit d’une vie entièrement dédiée à la poésie dans Les villes de papier de Dominique Fortier, celle d’Emily Dickinson, et l’apologie d’une mystique littéraire chez Carl Bergeron. * Antoine Boisclair, Un poème au milieu… Lire la suite Trois essais québécois
Note sur la traduction de L’iris sauvage, de Louise Glück
En lisant L’iris sauvage de Louise Glück, on remarque vite que les mots qui se rapportent au je qui est présent dans presque tous les poèmes sont accordés parfois au féminin, parfois au masculin. C’est que l’identité de la voix qui s’exprime à la première personne varie au fil des pages. Dans les extraits suivants :… Lire la suite Note sur la traduction de L’iris sauvage, de Louise Glück
Fin de combat, de Karl Ove Knausgaard
Fin de combat est le sixième et dernier tome du long roman de Knausgaard, Mon combat. Les quatre mille cinq cents pages (en français) de l’œuvre ont été écrites à un train d’enfer, de l’hiver 2008 à l’automne 2011. Quarante ans de la vie de l’auteur y passent dans le désordre. Malgré l’étiquette d’écriture automatique… Lire la suite Fin de combat, de Karl Ove Knausgaard
Journal du printemps 2020
29 mars Couru pendant une heure dans le brouillard le long des sous-bois près de chez moi. Quelques incursions sur des terrains broussailleux, où j’ai tapé des flaques d’eau, de la terre mouillée, des bouts de gravelle et brisé de minces feuilles de glace. Vu passer à travers le brouillard, lentes et silencieuses, cinq ou… Lire la suite Journal du printemps 2020
Peinture : Edvard Munch
Deuxième chronique sur un essai d'écrivain consacré à la peinture. Cette fois, le livre de Knausgaard sur Edvard Munch. Knausgaard commence son examen des tableaux de Munch (1863-1944) par le très beau Champ de choux, peint en 1915. Ce genre de paysage pur, sans âme qui vive a marqué les peintres canadiens du Groupe des… Lire la suite Peinture : Edvard Munch
Sándor Márai entre Krúdy et Kertész
Envoûté par Dernier jour à Budapest, le roman de Sándor Márai, je suis allé me promener dans ses œuvres, difficiles à faire traverser l’Atlantique à cause de la pandémie, mais heureusement disponibles dans des librairies de Montréal. Puis sautant entre les générations d’écrivains hongrois, j’ai reculé jusqu’à Gyula Krúdy (1878-1933) que Márai décrivait dans son… Lire la suite Sándor Márai entre Krúdy et Kertész
Six romans
Brèves critiques de romans faites peu de temps après leur parution, et publiées d'abord séparément : romans de Maxime-Olivier Moutier, Michel Braudeau, Ayavi Lake, H.A. Sarori, Christine Daffe et Guillaume Bourque. * Journal d’un étudiant en histoire de l’art, de Maxime-Olivier Moutier (oct. 2016) On s’amuse et on s'instruit à la fois dans le roman… Lire la suite Six romans
Roman, nouvelle et poème
C’est un trait curieux de la nouvelle que de ne pouvoir se lire qu’à raison de quelques-unes à la fois, alors qu’on peut enfiler romans et poèmes jour après jour, sans se lasser. Avec les nouvelles, on a vite l’impression que les histoires tournent à vide. Pas dans certains cas exceptionnels comme Tchekhov, sans doute… Lire la suite Roman, nouvelle et poème
Fonds-Saint-Denis, Martinique
Février 2020 À la sortie de l’aéroport, il n’y a pas beaucoup d’exotisme, à part les palmiers. Les premières Martiniquaises que l’on croise sont grandes, maquillées, pressées, style professionnelles, et plutôt pâles. Elles font très métropole. Elles ne vivent pas dans le même monde que les dames vêtues de madras qui nous prépareront quelques jours… Lire la suite Fonds-Saint-Denis, Martinique
Comment lire Bartleby
Un siècle et demi après sa parution, j’ai lu la fameuse nouvelle d’Herman Melville, Bartleby, the Scrivener (Bartleby, le scribe). L’auteur de Moby Dick est un géant dans l’histoire de la littérature. Camus le plaçait au-dessus de Kafka parce qu’il voyait chez lui une part de lumière absente chez le second. Mais cette clarté lui… Lire la suite Comment lire Bartleby
Querelle de Roberval, de Kevin Lambert
Querelle de Roberval s’ouvre sur la chambre où le beau Querelle reçoit les garçons de la ville qui ne rêvent que de s’offrir à lui. Ce début provocant, écrit sur un ton lyrique et pornographique, est conséquent avec le souhait de Kevin Lambert que l’hétérosexualité cesse d’être la norme dans la société. Mais même en… Lire la suite Querelle de Roberval, de Kevin Lambert
Peinture : Leduc et Borduas
Lecture de deux écrivains fascinés par des peintres de leur propre culture : d'abord Étienne Beaulieu sur Ozias Leduc et Paul-Émile Borduas, et plus tard Karl Ove Knausgaard sur Edvard Munch. À la suite de déboires amoureux et professionnels, Étienne Beaulieu entreprend une quête de sens à travers l’œuvre de deux grands peintres québécois, Ozias… Lire la suite Peinture : Leduc et Borduas
Visiter Israël avec Grossman, Flaubert, Shalev et Mohammed
Jérusalem, mai 2018 Le mur des Lamentations nous est familier depuis longtemps, mais quand sa masse de pierres surgit devant nos yeux au bout d’un dédale de ruelles, on est saisi par le bourdonnement des prières qui montent tout le long de la paroi – au lieu de tomber comme celles que déversent les haut-parleurs… Lire la suite Visiter Israël avec Grossman, Flaubert, Shalev et Mohammed
L’œil du hibou, d’André Major
La matière est toujours riche dans les carnets d’André Major. Il peut noter une vingtaine de réflexions en quelques jours et sans abuser d'aphorismes, parce que le plus souvent il développe sa pensée et va jusqu’à filer les thèmes à travers les années. On dit qu’il faut lire Cioran à dose homéopathique, deux ou trois… Lire la suite L’œil du hibou, d’André Major
La critique face aux fantômes
Dans son essai Que peut la critique littéraire ?, David Dorais rappelle une qualité singulière de La constellation du Lynx, le roman de Louis Hamelin. Dorais reproche aux critiques littéraires de mal apprécier diverses techniques de l’imaginaire utilisées par les romanciers, comme le recours aux mythes, au fantastique ou à des images fortes. Il montre… Lire la suite La critique face aux fantômes